Les Cafés d’Evidences #1
Le premier Café d’Evidences s’est tenu le 24 mars 2025
à l’Institut Curie en présence de :
– Gloria Origgi, philosophe et directrice de recherche au CNRS
– Gerald Bronner, sociologue, professeur des universités
– Modération par Mélanie Heard, déléguée générale d’Evidences
Science et démocratie : comment ces deux projets sont-ils liés ?
Ces deux projets, rappelle Gloria Origgi, sont fortement liés, ne serait-ce que parce qu’ils ont pour projet de voir émerger une meilleure société. C’est le sens de la référence aux Lumières : science et démocratie récusent les tutelles arbitraires. Lorsqu’un projet politique n’inclut pas l’ambition d’améliorer les conditions cognitives de citoyens, il y a manifestement un problème. Perturber la démocratie scientifique, comme on le voit à l’œuvre outre-Atlantique, c’est perturber toute la démocratie. D’un autre côté, il n’est pas si évident que cela de bien caractériser les liens qui unissent la science et la démocratie. La méthode scientifique suppose de récuser strictement l’applaudimètre, rappelle Gérald Bronner. Mais sa capacité à organiser la sélection des idées en fait, en un sens, une démocratie idéale.
Qu’est-ce qui nourrit les attaques de l’administration de Trump contre la science ?
Observer ce qui se passe aux Etats-Unis demanderait une attention précise au corpus idéologique qui nourrit l’attaque contre la science. On voit se dessiner un mélange des genres qui est déstabilisant : une eschatologie techniciste d’un côté, un franc ésotérisme archaïque de l’autre, et en toile de fond un discours transhumaniste manifestement central. L’arrogance du bon sens se lit-elle à la lumière de l’idée qu’il serait « la chose la mieux partagée du monde » ?
L’objectif, est-ce que les citoyens s’emparent de cette indépendance intellectuelle que la science propose et que la démocratie suppose ?
Nous sommes face à une question difficile : comment faire pour que chacun participe ? Personne ne veut devenir un savant fanatique, mais chacun peut éprouver un mal-être cognitif devant la complexité du monde et vouloir en sortir. LE projet fondamental est celui de l’autonomie, qui fonde la démarche scientifique aussi bien que la démocratie : que chacun puisse se saisir des méthodes qui lui donne les moyens de son indépendance intellectuelle.
